L’éducation du Prince Alexis se poursuit

 

JE ne vous conterai pas les détails de mon apprentissage avec la Reine, comment j’ai appris à être son valet, mes efforts pour éviter de la contrarier. Tout ceci, vous l’apprendrez lors de votre apprentissage avec le Prince, car dans son amour pour vous, il entend clairement faire de vous sa servante. Mais tout cela n’est rien quand on est dévoué à son maître ou à sa maîtresse.

« Il me fallait apprendre à faire face avec sérénité aux humiliations que d’autres introduisaient dans le jeu, et cela n’était guère aisé.

« Pour l’essentiel, mes premiers jours avec la Reine furent consacrés à l’apprentissage dans sa chambre à coucher. Je fis preuve d’autant de diligence que le Prince Gérald lorsqu’il devait obéir à ses moindres lubies – mais, comme il se montrait fort maladroit dans le maniement de ses vêtements, il était très souvent puni.

« Or la Reine ne voulait tout bonnement pas de moi pour ces tâches serviles que d’autres esclaves avaient été entraînés à exécuter à la perfection. Elle voulait m’éduquer, me briser et faire de moi un jouet pour son complet divertissement.

— Un jouet, chuchota la Belle.

Elle s’était exactement sentie comme un jouet entre les mains de la Reine.

— Et cela l’amusait grandement, au cours des premières semaines, de me voir servir d’autres Princes et d’autres Princesses pour son plaisir. Le premier que j’eus à servir fut le Prince Gérald. Il approchait alors de la fin de son temps d’engagement, mais il l’ignorait, et mon changement de conduite le portait au comble de la jalousie. Toutefois, la Reine avait de merveilleuses idées pour le récompenser et le réconforter, et, dans le même temps, pour développer mes facultés, en accord avec ses vœux.

« Chaque jour, on l’amenait dans ma chambre, mains liées au-dessus de la tête contre le mur, de sorte qu’il pouvait me regarder me consacrer à ma besogne, et cela lui fut une source de tourment jusqu’à ce qu’il comprît que l’une de mes tâches consistait à lui donner du plaisir.

« J’étais alors troublé par le battoir de la Reine, par le plat de sa main, et par les efforts que je consacrais à atteindre la grâce et l’accomplissement. Tout le jour je rapportais et laçais des chaussures, je nouais des ceintures, je lustrais des bijoux, et j’assumais toutes les menues tâches que la Reine souhaitait, les fesses sans cesse endolories, les cuisses et les mollets portant les marques du battoir, le visage souillé de larmes, comme n’importe quel esclave du château.

« Et lorsque la Reine put voir que la jalousie du Prince Gérald avait durci son pénis à l’extrême, quand il fut prêt à décharger sa passion sans le secours d’aucun stimulant, alors elle me le fit baigner et satisfaire.

« Je ne puis vous dire combien je trouvais cela dégradant. Pour moi, son corps n’était rien d’autre qu’un ennemi. Et pourtant j’étais prié d’aller chercher un bol d’eau chaude, et, avec une éponge de mer, que je devais tenir entre les dents, de lui baigner les parties génitales.

« Pour cela, il était placé sur une table basse, docilement agenouillé tandis que je lui lavais les fesses, et, de nouveau, je trempais mon éponge, je lui baignais le scrotum et finalement le pénis. Mais la Reine voulait plus que cela. Je devais alors me servir de ma langue pour le laver. J’étais horrifié, et je répandais des larmes comme la première Princesse venue. Mais elle se montrait inflexible. Avec ma langue, je lui léchais le pénis, les testicules, et puis je fouillais dans le creux de ses fesses, lui pénétrant même l’anus, qui avait un goût amer, presque salé.

« Durant tout ce manège, il faisait montre de son évident plaisir et de son envie.

« Ses fesses étaient endolories, comme de juste. Et j’étais fort satisfait que la Reine ne le fessât plus que rarement elle-même, laissant plutôt faire son valet, avant qu’on l’amenât en sa présence. Ainsi ne souffrait-il pas pour elle ; bien plutôt, il souffrait dans la Salle des esclaves, ignoré de l’entourage. Pourtant je trouvais mortifiant que les caresses de ma langue sur ses zébrures et ses marques écarlates lui donnent du plaisir.

« Finalement, la Reine lui ordonna de se dresser à genoux, les mains dans le dos, et me dit que je devais maintenant le récompenser pleinement. Je savais ce que cela signifiait, même si je fis comme si de rien n’était. Elle me pria de prendre son pénis dans ma bouche et de le vider.

« Je ne puis expliquer ce que j’éprouvai alors. Je crus que je ne pourrais y arriver. Et pourtant, en quelques secondes, j’avais obéi, apeuré à l’idée de déplaire à la Reine, et son pénis robuste butait contre le fond de ma gorge, mes lèvres et mes mâchoires étaient douloureuses tandis que je m’employais à le sucer comme il convenait. La Reine me donnait ses instructions, que mes caresses soient longues, que je me serve de ma langue, et d’aller plus vite et encore plus vite. Elle me fessait sans pitié, j’obéissais, ses coups me giflaient en parfaite cadence avec ma bouche qui suçait. Enfin, sa semence emplit ma bouche. On me commanda de l’avaler.

« Mais la Reine se montra fort insatisfaite de ma réticence. Elle m’enjoignit de ne faire preuve d’aucune répugnance. La Belle hocha la tête, se souvenant des propos que le Prince lui avait tenus dans l’auberge, que même les humbles devaient être servis, pour son plaisir.

« Aussi envoya-t-elle chercher tous ces Princes que l’on avait torturés une journée entière dans la Salle des Châtiments, et elle me fit passer dans un grand salon contigu.

« Lorsqu’on y amena six jeunes hommes, à genoux, j’implorai sa pitié de la seule façon possible, par mes gémissements et par mes baisers. Je ne puis vous dire combien leur présence m’affecta. Aux cuisines, j’avais été maltraité par des paysans ; j’avais humblement, avidement, obéi à un garçon d’écurie. Mais ceux-ci me parurent à la fois de plus basse et de plus haute extraction que les autres. C’étaient des Princes de même rang que moi, arrogants, fiers de leurs possessions, et dans le même temps c’étaient d’abjects esclaves, aussi bas que je l’étais désormais.

« J’étais incapable d’analyser ma propre misère. C’est alors que je compris que j’aurais à subir d’infinies variations dans l’humiliation. Ce n’était pas une hiérarchie de châtiments que j’affrontais ; c’était plutôt des changements perpétuels.

« Mais j’avais trop peur de faire défaut à la Reine pour beaucoup réfléchir. Encore une fois, je perdis de vue et le passé et le futur.

« Comme je m’agenouillais à ses pieds en pleurant silencieusement, elle ordonna à tous ces Princes endoloris et mourant de faim après la torture subie en Salle des Châtiments de prendre les battoirs qu’elle tenait tout exprès dans un coffre.

« Ils formèrent une rangée de six à ma droite, chacun à genoux, le pénis durci, autant par la vision de ma souffrance que par les plaisirs qui les attendaient.

« On me dit de me dresser à genoux, les mains dans le dos. Pour relever le gant de cette épreuve, on ne me permettrait pas même d’adopter la position à quatre pattes, plus commode et plus discrète. Bien plutôt, je devais me démener le dos raide, genoux écartés, mon organe bien en vue, progressant avec lenteur en essayant d’échapper à leurs battoirs. Ils avaient également toute latitude de voir mon visage. Je me sentais plus exposé que je ne l’avais été quand on m’avait attaché en cuisine.

« Le jeu de la Reine était simple. J’allais devoir courir après le gantelet, et le Prince dont le coup de battoir lui siérait le mieux, c’est-à-dire celui dont le battoir me frapperait le plus durement et le plus férocement, se verrait alors récompensé, puis je reprendrais ma course après le gantelet, et ainsi de suite.

« Elle me pressait d’aller très vite ; si j’échouais, si mes bourreaux parvenaient à placer un trop grand nombre de coups, on me livrerait entre leurs mains pour une heure de divertissantes brutalités, hors de la vue de la Reine, on me le promettait. Cela me terrifia. Elle ne serait même pas présente. Ce ne serait pas pour son plaisir.

« Je commençai sur-le-champ. Tous leurs coups, lourds et violents, me faisaient un égal effet, et mes oreilles s’emplissaient de leurs rires tandis que je me démenais bizarrement dans une posture que, pour leur part ils avaient appris de longue date à maîtriser avec aisance.

« Je n’avais de repos que lors des petites séances où j’assouvissais le Prince qui m’avait infligé les plus sévères contusions. Je devais revenir auprès de lui, là où il se tenait agenouillé. Les autres étaient libres de regarder, ce qu’ils faisaient, et ensuite on leur donnait la permission de proposer leurs instructions.

« J’avais une demi-douzaine de maîtres impatients de m’enseigner avec hauteur comment satisfaire celui qu’ils soutenaient de leurs bras, qui gardait les yeux clos et goûtait la pipe chaude et enfiévrée que je lui offrais.

« Naturellement, ils prolongèrent tous le jeu autant que possible afin d’en retirer la plus entière satisfaction, et la Reine, assise à proximité, le coude posé sur le bras de son fauteuil, observait tout cela d’un air approbateur.

« Tandis que j’accomplissais mes devoirs, il se produisit d’étranges changements. J’éprouvais une forme de frénésie à tenter d’échapper à leurs battoirs. J’avais les fesses brûlantes, les genoux endoloris, et surtout j’avais honte qu’ils puissent voir si facilement mon visage, et mes organes génitaux.

« Tout en continuant de les sucer, je me perdais dans la contemplation de l’organe que je tenais dans ma bouche, sa taille, sa forme, son goût même, et la saveur amère et salée de ses sucs qui se vidaient en moi. J’étais gagné par le rythme autant que par le reste. Autour de moi, les voix formaient un chœur qui, à un certain seuil, se changea en bruit, et une étrange sensation de faiblesse et d’abjection me submergea. C’était très semblable aux moments que j’avais traversés avec mon Seigneur garçon d’écurie, lorsque nous étions seuls dans le jardin, et qu’il m’avait fait accroupir sur la table. L’excitation que j’avais alors ressentie avait gagné la surface de ma peau, et il en allait de même à présent, tandis que je suçais ces divers organes et que je m’emplissais de leur semence. Je ne puis l’expliquer. Cela devenait source de plaisir. Cela devenait source de plaisir à force de se répéter et parce que j’étais sans défense. Et cela se répétait sans relâche, comme un répit après le battoir, après la frénésie du battoir. Mes fesses palpitaient, mais elles étaient chaudes ; elles me démangeaient, et je goûtais cette bite délicieuse qui pompait de toute sa force à l’intérieur de moi.

« Je découvris que j’aimais sentir tous ces yeux qui m’observaient. Mais je ne l’admis pas aussitôt. Ce n’était point tant cela que j’aimais que cette faiblesse encore, cette mollesse de l’esprit. J’étais perdu dans ma souffrance, dans mes efforts, dans mon désir inquiet de plaire.

« Eh bien, il en serait ainsi de chacune des tâches qui m’incomberaient. Tout d’abord, je résisterais avec terreur ; je m’accrocherais à la Reine de toute mon âme ; puis, à un certain point, au beau milieu d’une indicible humiliation, je me libérerais pour entrer dans un état de sérénité où mon châtiment me deviendrait aimable.

« Je me vis moi-même comme l’un de ces Princes, comme l’un de ces esclaves. Lorsqu’ils me donnèrent pour instruction de mieux sucer ce pénis, je les écoutai. Lorsqu’ils me donnèrent du battoir, je reçus le coup, je courbai le corps en guise de réponse.

« Peut-être cela est-il impossible à expliquer. Je me faisais peu à peu à l’idée de céder.

« Lorsque finalement les six Princes furent renvoyés, chacun d’entre eux récompensé comme il convient, la Reine me prit dans ses bras et me récompensa de ses baisers. Comme j’étais étendu sur la paillasse à côté de son lit, j’éprouvai le plus délicieux des épuisements. J’avais l’impression que même l’air qui tremblait autour de moi me donnait du plaisir. Je le sentais contre ma peau, comme s’il caressait ma nudité. Et je m’endormis content d’avoir servi convenablement.

« Mais la grande épreuve suivante que mes forces durent subir survint un après-midi lorsque, très courroucée de mon inaptitude à lui brosser les cheveux, elle m’envoya auprès des Princesses pour que je leur tienne lieu de jouet.

« Je pus à peine en croire mes oreilles. Quant à elle, elle ne daignerait même pas assister à la scène. Elle fit venir Sire Grégoire, et exigea que l’on m’emmène à la Salle des Châtiments Spéciaux, pour y être livré en pâture aux Princesses rassemblées. Une heure durant, elles pouvaient user de moi comme bon leur semblerait. Puis il faudrait que l’on m’attache dans le jardin et que l’on me fouette les cuisses avec une lanière de cuir, et que l’on me laisse là jusqu’au matin.

« C’était ma première grande séparation d’avec la Reine. Et je ne pouvais m’imaginer nu, sans défense, seulement préparé pour le châtiment, livré aux Princesses. À deux reprises, j’avais lâché la brosse de la Reine. Avant cela, j’avais renversé un peu de vin. Tout ceci était arrivé comme si, en dépit de mes efforts les plus attentifs, j’avais perdu toute maîtrise de moi-même.

Lorsque Sire Grégoire m’infligea plusieurs fessées sévères, j’étais rempli de honte et de crainte. Et tandis que nous approchions de la Salle des Châtiments Spéciaux, je m’aperçus que je ne pouvais plut me mouvoir à ma guise.

« Sire Grégoire avait attaché un collier de cuir autour de mon cou. Il me faisait avancer, me fessant à peine, car il m’expliquait que les Princesses devaient pleinement jouir de moi.

« Avant notre entrée dans la salle, il me passa un insigne autour du cou, pendu à un petit ruban. D’abord, il me le montra, et je frissonnai en constatant que cet insigne m’annonçait comme un maladroit, un entêté, un mauvais sujet qui méritait correction.

« Puis il échangea mon collier de cuir contre un autre muni de plusieurs petits anneaux de métal, et chaque anneau était juste assez large pour qu’un doigt pût s’y accrocher. De la sorte, disait-il, les Princesses pourraient me faire aller de ce côté-ci, de ce côté-là et malheur à moi si je manifestais la moindre résistance.

« On me fixa aux chevilles et aux poignets des menottes munies de ces mêmes anneaux. Je me sentais à peine capable de bouger, tandis que l’on me faisait avancer vers la porte.

« Je ne savais comment juger de mes émotions. Comme la porte s’ouvrait, je les vis toutes, quelque dix Princesses, un harem nu qui tenait salon sous l’œil attentif d’un valet, toutes ces filles recevant cette heure de loisir en guise de récompense pour leur bonne conduite. Plus tard, j’appris que si l’un d’entre nous devait être sévèrement puni, il ou elle était remis entre leurs mains, mais ce jour-là elles n’attendaient personne.

« Elles glapirent de ravissement, battant des mains et s’entretenant aussitôt les unes avec les autres. Tout autour de moi, je voyais leurs longues chevelures, rousses, dorées, aile-de-corbeau, vagues profondes et boucles épaisses, leurs seins et leurs ventres nus, ces mains qui me pointaient du doigt ou qui masquaient leurs chuchotements timides et farouches.

« Elles firent grappe autour de moi. Je m’accroupis, tâchai de me dissimuler. Mais Sire Grégoire me fit lever la tête en tirant sur le collier. Je sentis leurs mains partout sur moi, qui tâtaient ma peau, qui giflaient ma bite, me palpaient les testicules, avec des cris perçants et des rires. Certaines d’entre elles n’avaient jamais vu un homme d’aussi près, hormis leurs Seigneurs qui avaient tout pouvoir sur elles.

« Je tremblais violemment. Je n’avais pas laissé libre cours à mes larmes et j’avais grand-peur de me retourner et de m’enfuir, au risque de subir ensuite quelque châtiment bien plus sévère. Je m’efforçais désespérément d’observer une froide indifférence. Mais leurs seins ronds et nus me rendaient fou. Je sentais leurs cuisses se frotter à moi, et même leur toison pubienne humide, alors qu’elles se pressaient autour de moi pour m’examiner.

« J’étais leur complet esclave, qu’elles méprisaient et qu’elles contemplaient tout à la fois. Lorsque je sentis leurs doigts me toucher les testicules, les soupeser, me caresser le pénis, je devins fou.

« C’était infiniment pire que l’épreuve que j’avais endurée avec les Princes, car j’entendais déjà leurs voix adopter un ton de moquerie méprisante, je percevais leur désir de me discipliner, et de me rendre à la Reine aussi obéissant qu’elles-mêmes pouvaient l’être. « Ah, vous êtes un vilain petit Prince, c’est cela ? » me susurra l’une d’elles à l’oreille, une ravissante jeune fille à la chevelure aile-de-corbeau, les oreilles percées rehaussées d’or. Ses cheveux me chatouillaient les oreilles, et lorsque ses doigts me tordirent les tétons, je perdis toute maîtrise.

« Leur échapper et tenter de m’enfuir me faisait peur. Entre-temps, Sire Grégoire s’était retiré dans un coin de la salle. Les valets pouvaient leur venir en aide si elles le souhaitaient, avait-il dit, et il les pria de bien s’acquitter de leur tâche, pour l’amour de leur Souveraine. Voilà qui souleva des cris de ravissement Aussitôt, plusieurs petites mains me giflèrent. Des mains m’écartèrent les fesses, me les ouvrirent. Je sentis des doigts menus s’y introduire.

« Je me contorsionnais, me tordais, j’essayais de me tenir tranquille, je m’efforçais de ne pas les regarder.

« Et lorsqu’on me tira pour me mettre debout et m’attacher les mains au-dessus de la tête en les accrochant à une chaîne qui tombait du plafond, je fus grandement soulagé de ne plus pouvoir être tenté de m’échapper si j’en venais à faiblir.

« Les valets leur donnèrent autant de battoirs qu’elles voulaient. Quelques-unes choisirent de longues lanières de cuir qu’elles essayèrent d’abord en les frappant contre la paume de leur main. Dans cette Salle des Châtiments Spéciaux, elles n’avaient pas à rester à genoux et pouvaient se tenir debout et m’entourer à leur guise. Sur-le-champ, on m’introduisit le manche rond d’un battoir dans l’anus. On m’écarta les jambes bien large. Je frissonnai, et quand le manche du battoir me viola, avec des mouvements de va-et-vient aussi brutaux que ceux des bites que j’avais déjà reçues en moi, je savais que mon visage était écarlate, et que mes larmes menaçaient de couler. De temps à autre, au milieu de tout ceci, je sentais de petites lèvres fraîches contre mon oreille, mon visage que l’on pinçait, mon menton que l’on caressait, et à nouveau des assauts contre mes tétons.

« « Jolis petits tétons », s’exclama l’une des filles à l’occasion d’un de ces assauts. Elle avait des cheveux de lin, aussi lisses que les vôtres. « Quand j’aurai fini de m’en occuper, tu les sentiras comme des seins », annonça-t-elle, et elle se mit en devoir de les étirer et de les caresser.

« Tout ce temps, à ma grande honte, ma bite était raide comme si elle connaissait ses maîtresses, lors même que moi je me refusais à les reconnaître. Cette fille aux cheveux de lin collait ses cuisses aux miennes, de plus en plus férocement à mesure qu’elle tirait sur mes tétons, et je sentais son sexe humide contre le mien. « Croyez-vous être de trop bonne naissance pour souffrir de nos mains, Prince Alexis ? » fit-elle d’une voix enjôleuse. Je ne lui répondis pas.

« Puis le manche du battoir poussa plus fort dans mon anus, et plus brutalement. J’eus les hanches propulsées en avant aussi cruellement qu’elles l’avaient été par mon Seigneur garçon d’écurie, et ces coups de boutoir me soulevèrent presque du sol. « Vous croyez-vous de trop haute naissance pour que nous vous punissions ? » demanda-t-elle encore. Les autres filles riaient et la regardaient, quand elle se mit à gifler méchamment ma bite de droite à gauche. Je sursautai, ne pouvant tout à fait me maîtriser. J’aurais voulu pour tout l’or du monde être muselé, mais je ne l’étais pas. Elle fit courir ses doigts sur mes lèvres et sur mes dents pour me le rappeler, et elle m’ordonna de lui répondre avec respect.

« Et lorsque je ne m’exécutais pas, elle se saisissait aussitôt du battoir, et, me retirant l’instrument du viol, elle entreprenait, son visage tout près du mien, ses cils me chatouillant le côté de la figure, de me fesser d’importance. Évidemment, j’étais déjà tout endolori, comme nous le sommes tous, toujours, car ses coups étaient très durs, et sans cadence. Elle me prit à l’improviste, et quand je tressaillais et grognais, toutes les filles partaient d’un rire appréciateur.

« Les autres me giflaient la bite. Elles me tordaient les tétons, mais pour sa part, elle avait clairement montré sa suprématie. « Vous me supplierez de vous faire grâce, Prince Alexis, affirma-t-elle. Je ne suis pas la Reine, vous pouvez me prier, car cela vous fera grand bien. » Toutes, elles trouvèrent cela fort amusant, et elle continua de me fesser plus fort, encore plus fort. Je priais pour qu’elle me rompe la peau avant que ma volonté ne rompe, mais elle était maligne. Elle répartit ses coups. Elle les plaçait légèrement plus bas que la chaîne à laquelle j’étais attaché, de manière à me faire écarter encore plus les jambes.

« Et voilà qu’elle me tenait la bite dans la main gauche, serrée, sans ménagement, faisant courir sa paume ouverte sur le bout pour me martyriser, avant de resserrer de nouveau sa poigne, tout en me fessant avec fureur.

« Lorsqu’elle me gifla les tétons et la bite, tout en me soulevant les testicules dans ses mains, je sentis les larmes s’écouler, et submergé de honte je grognai, incapable de dissimuler. Ce fut un moment étonnant de douleur et de plaisir. Mes fesses étaient à vif.

« Mais elle venait à peine de commencer. Elle ordonna aux autres Princesses de me relever les jambes. J’éprouvai de la terreur d’être ainsi pendu à cette chaîne. Elles n’attachèrent pas mes chevilles à mes bras ; elles se contentèrent de les maintenir en l’air, en place, tandis qu’elle m’assenait ses coups de bas en haut, aussi violemment que précédemment, puis, me couvrant les testicules de la main gauche, elle me donna du battoir par-devant, aussi fort qu’elle pouvait, et moi je me débattais et je gémissais de manière incontrôlable.

« Entre-temps, les autres filles se délectaient de ce spectacle, toujours en me touchant, et jouissaient intensément de mes souffrances. Elles m’embrassaient même derrière les jambes, les mollets, les épaules.

« Mais les coups tombaient de plus en plus dru, de plus en plus vite. Elle m’avait fait redescendre, à nouveau jambes bien écartées, et se mettait consciencieusement à la besogne. Je pense qu’elle m’aurait fait éclater la peau si elle l’avait pu, mais j’étais désormais brisé et je pleurais sans retenue.

« C’était ce qu’elle voulait, et comme je cédai, elle applaudit. « Très bien, Prince Alexis, très bien, laissez donc filer toute cette fierté pleine de dépit, très bien, vous savez parfaitement que vous le méritez. C’est mieux, c’est exactement ce que je veux voir », fit-elle presque affectueusement, « ces larmes délicieuses », tout en les touchant du bout des doigts, le battoir ne cessant jamais.

« Puis elle me fit délier les mains. On me força à me mettre à quatre pattes. Et elle me conduisit à travers la pièce, et m’enjoignit d’avancer en décrivant des cercles. Naturellement, elle me faisait aller sans cesse plus vite. Je ne m’étais même pas encore rendu compte que je n’étais plus entravé. C’est-à-dire, je ne compris même pas que j’aurais pu me libérer et m’enfuir. J’avais été vaincu. Et finalement, il en allait toujours ainsi lorsque la punition faisait son œuvre, j’étais incapable de songer à rien d’autre qu’à échapper à chaque coup de battoir. Et comment y serais-je parvenu ? Tout au plus pouvais-je me tordre, me contorsionner, tenter d’esquiver. Dans le même temps, elle était très occupée à me donner ses ordres, à me faire aller de plus en plus vite. Je courais en frôlant les pieds nus des autres Princesses. Je les voyais faire un pas de côté pour m’éviter.

« Et voilà qu’elle m’annonça que ramper était encore trop bon pour moi, et que je devais étendre les bras au sol, et y poser le menton, pour progresser dans cette posture, à petits pas, les fesses en l’air, qu’elle puisse leur donner du battoir. « Cambrez le dos », disait-elle. « À terre, je veux vous voir poitrine contre le sol », et avec autant d’habileté qu’un Page ou une maîtresse, elle me forçait à avancer, pendant que les autres la félicitaient et s’émerveillaient de ses talents et de sa vigueur. Jamais je n’avais été dans une telle position, si ignominieuse que je ne souhaitais nullement me la représenter : les genoux raclant le sol, le dos douloureusement cambré, les fesses levées aussi haut qu’auparavant Et elle qui me commandait toujours d’avancer plus vite, mes fesses encore un peu plus à vif. Elles palpitaient, le sang pulsait à mes oreilles. À présent, j’étais aveuglé de larmes.

« Ce fut alors que vint le moment que j’ai évoqué tout à l’heure. J’appartenais à cette fille aux cheveux de lin, à cette Princesse impudente et maligne à qui il arrivait aussi d’être punie, de honteuse façon, tout comme moi, jours ordinaires et jours fériés, mais qui, pour l’heure, pouvait user de ma personne comme bon lui semblait. Je me débattais, jetant un œil au passage sur les bottes de Sire Grégoire, sur les bottes des valets, et j’entendais le rire de cette fille. Je me rappelais que je devais satisfaire la Reine, satisfaire Sire Grégoire, et, enfin, satisfaire ma cruelle maîtresse aux cheveux de lin.

« Elle marqua une pause pour reprendre son souffle. Elle troqua le battoir contre une lanière de cuir et entreprit de me cingler.

« D’abord, cela me parut moins fort que le battoir, et j’en éprouvai un soulagement plein de gratitude. Mais elle apprit immédiatement à la manier avec une telle force qu’elle rossait proprement les zébrures de mes fesses. Puis elle me permit de m’arrêter, afin de mieux palper ces zébrures. Elle les pinça, et, dans le silence qui nous entourait, elle ne pouvait ignorer mes faibles pleurs.

« “Je pense qu’il est prêt, Sire Grégoire”, décréta la Princesse, et Sire Grégoire répondit doucement qu’il pensait de même. Je crus que cela signifiait qu’on allait me ramener auprès de la Reine.

« Cette pensée était très sotte.

« Cela signifiait seulement qu’on allait me fouetter promptement dans la Salle des Châtiments. Comme de juste, il y avait là une poignée de Princesses qui pendaient enchaînées au plafond, jambes ligotées et repliées devant elles. Elle m’amena devant la première d’entre elles.

« Elle me pria de me redresser et d’écarter les jambes bien large, debout devant cette Princesse. Je vis la face douloureuse de la jeune captive, ses joues écarlates, son sexe nu et humide pointant timidement de la couronne dorée de sa toison pubienne, toute prête, après des jours et des jours d’agaceries, à recevoir un surcroît de plaisir ou de souffrance. En fait, son sexe pendait à faible hauteur, au niveau de ma poitrine, j’imagine, et c’était exactement ainsi que mon tourmenteur l’entendait.

« Car elle m’ordonna de me pencher sur ce sexe, et de repousser mes hanches en arrière. « Donnez-moi vos fesses », fit-elle. Elle se tenait derrière moi. Les autres filles me tirèrent sur les jambes pour les écarter plus encore que je ne l’aurais pu. De nouveau, on m’enjoignit de cambrer le dos et de passer les bras autour de la Princesse esclave pendue en face de moi, pliée en deux et ligotée.

« « Maintenant vous allez lui faire plaisir avec votre langue, décida mon ravisseur, et veillez à bien vous y prendre car elle a souffert longtemps, à cause d’une maladresse moitié moindre que la vôtre. »

« Je regardai la Princesse attachée. Elle était mortifiée, et pourtant désespérément en manque de plaisir. Je pressai mon visage contre son petit sexe doux et affamé, plutôt désireux de la contenter. Mais comme ma langue fouillait dans sa fente gonflée, tandis que je léchais son petit clitoris et ses lèvres enflées, j’étais continûment rossée par la ceinture de cuir. Ma maîtresse aux cheveux de lin choisit de me besogner, une zébrure après l’autre, et grande était ma douleur tandis que la Princesse attachée frissonnait de plaisir, malgré elle.

« Naturellement, il y avait là d’autres Princesses dûment punies et qu’il fallait maintenant récompenser. Je m’acquittai de ma tâche du mieux que je le pus, j’y trouvai un refuge.

« Et puis, grande fut ma terreur de voir qu’il n’y avait plus personne à récompenser. J’étais à nouveau livré aux mains de ma geôlière, mais cette fois sans pouvoir prendre personne dans mes bras qui aurait eu la douceur d’une de ces Princesses ligotées.

« Et de nouveau, la poitrine et le menton plaqués au sol, je me démenais à quatre pattes sous les raclées de sa lanière de cuir, en route vers la Salle des Châtiments Spéciaux.

« Cette fois toutes les Princesses supplièrent Sire Grégoire de me contraindre à les satisfaire, mais Sire Grégoire leur intima sur-le-champ de faire silence. Elles avaient leurs Seigneurs et leurs Dames à servir, et il ne voulait plus les entendre proférer un mot, à moins qu’elles ne voulussent se retrouver pendues au plafond de l’autre Salle, ainsi qu’elles le méritaient.

« Alors on m’emmena dehors dans le jardin. Comme la Reine en avait donné l’ordre, je fus conduit sous un grand arbre, où l’on me lia les mains en l’air, de sorte que mes pieds touchaient à peine l’herbe. C’était le crépuscule et on me laissa là.

« Tout ceci m’avait mortifié, mais j’avais obéi, je ne m’étais pas enfui, et voici que le moment était venu. Je n’étais plus tourmenté que par des besoins ordinaires, par ma bite douloureuse qui peut-être ne serait plus récompensée par la Reine avant un jour ou plus, car elle était en colère.

« Mais le jardin était calme, plein des bruits de cette heure particulière, entre chien et loup. Le ciel était pourpre et les arbres s’épaississaient d’ombres. En peu de temps, ils devinrent squelettiques, le ciel blanchit avec le soir, et puis ce furent les ténèbres qui descendirent tout autour de moi.

« Je m’étais résigné à dormir dans cette posture. J’étais trop loin du tronc de l’arbre pour y frotter ma misérable bite, sans quoi, tourmenté comme je l’étais, je l’aurais fait, pour en retirer le peu de plaisir que cette friction m’aurait procuré.

« Or, par habitude plus que par entraînement, sa fermeté n’allait pas s’estomper. Je demeurais tendu et raide comme si j’attendais quelque chose.

« C’est alors que Sire Grégoire fit son apparition. Il s’était matérialisé hors de la pénombre dans son habit de velours gris, le liséré de sa cape lançant des reflets d’or. J’entrevis ses bottes luisantes, et le reflet mat de la lanière de cuir qu’il tenait. Encore une punition, me dis-je avec lassitude, mais il me fallait obéir. Je suis un Prince esclave et il n’y a rien à faire à cela. Prions pour que je subisse de bonne grâce, en silence et sans me débattre.

« Mais il s’approcha de moi et m’adressa la parole. Il me dit que je m’étais très bien comporté et me demanda si je connaissais le nom de la Princesse qui m’avait martyrisé. Je lui répondis « Non, mon Seigneur », éprouvant quelque soulagement empreint de respect à l’idée de lui avoir donné satisfaction. Il est très difficile à contenter. Plus encore que la Reine.

« Puis il me dit qu’elle se nommait Princesse Lynette, que c’était une nouvelle et qu’elle avait fait grande impression. Elle était l’esclave personnelle du Grand-Duc André. Que m’importe, songeai-je, je sers la Reine. Mais il me demanda assez plaisamment si je l’avais trouvée jolie. Je tressaillis. Qu’y pouvais-je ? Je me souvenais assez de ses seins quand elle les avait pressés contre moi, de son battoir qui m’avait brûlé et m’avait tiré des grognements. J’étais capable de me rappeler ses yeux bleu sombre, qu’à une ou deux reprises je n’avais pas eu honte de regarder. « Je ne sais, mon Seigneur. J’inclinerais à penser que, si elle n’était pas jolie, elle ne serait pas ici. »

« Il récompensa cette impertinence d’au moins cinq coups secs et rapides de sa ceinture. Cela me fit assez mal pour que je fondisse aussitôt en larmes. Je l’avais souvent entendu s’écrier que si on le laissait faire, il tiendrait en permanence tous les esclaves dans cet état de souffrance. Après quoi, ils auraient les fesses si tendres qu’il n’aurait plus qu’à les caresser du bout d’une plume. Moi, cependant, je me tenais là, debout, les bras douloureusement étirés vers le haut, le corps déséquilibré par ses coups, et j’avais conscience de l’avoir mis dans une singulière colère, et de le fasciner. Sinon, pourquoi viendrait-il ici me tourmenter ? Il avait un château entier d’esclaves à mettre au supplice. Cette pensée me procura une satisfaction étrange.

« J’avais conscience de mon corps, de sa musculature apparente, qui sûrement, aux yeux de certains, faisait sa beauté… Or donc, il était venu me dire qu’à bien des égards la Princesse Lynette était sans égale, et que ses attributs étaient illuminés par un esprit hors du commun.

« Je feignis l’ennui. J’allais devoir rester pendu dans cette position toute la nuit. Lui, il n’était qu’un moucheron, me dis-je. Mais c’est alors qu’il me révéla être allé voir la Reine, afin de lui raconter comme la Princesse Lynette m’avait bien corrigé, et que la Princesse Lynette avait montré un sens du commandement tel que rien ne paraissait lui répugner. Je commençai de prendre peur. Puis il m’assura que la Reine avait été heureuse d’entendre ces propos.

« « Et il en va de même de son maître, le Grand-Duc André, et tous deux sont piqués et conçoivent quelque regret de n’avoir pu assister à semblable déploiement de talent, gâché pour les seuls esclaves. » J’attendais la suite. « Aussi avons-nous organisé un petit divertissement, continua-t-il, voyant que je ne disais rien. Vous allez vous livrer à un petit tour de cirque à l’intention de Sa Majesté. Assurément, vous avez déjà vu les dresseurs d’animaux de cirque, qui, par d’habiles caresses de leur fouet, font grimper sur des tabourets leurs chats dressés, les forcent à franchir des cerceaux et à d’autres tours, pour divertir l’assistance. »

« Je me sentis désespéré, mais je ne répondis rien. « Eh bien, demain matin, lorsque vos jolies fesses auront un peu guéri, nous arrangerons un petit spectacle de ce genre avec la Princesse Lynette et sa lanière de cuir, qui vous fera accomplir des prouesses. »

« Je savais mon visage écarlate de rage et d’indignation, ou, pis encore, qu’il trahissait mon farouche désespoir, mais il faisait trop sombre pour qu’il s’en aperçoive. Je ne pouvais distinguer que la lueur de ses yeux, aussi comment ai-je su qu’il souriait, je l’ignore. « Et vous exécuterez vos petits tours vite et bien, car la Reine est impatiente de vous voir bondir sur ce tabouret et sur cet autre, de vous voir ramassé à quatre pattes, et puis plonger dans les cerceaux que l’on prépare justement en ce moment même à votre intention. Puisque vous êtes un animal bipède familier, doté de mains et de pieds, vous saurez tout autant vous balancer sur un petit trapèze que l’on vous prépare, avec le battoir de la Princesse Lynette pour vous éperonner, et nous divertir en nous montrant votre agilité. »

« Accomplir une chose pareille, cela me parut impensable. Après tout, ce n’était plus servir, ce n’était plus habiller ou parer ma Reine, ce n’était plus lui rapporter quelque chose pour lui montrer que j’acceptais son pouvoir et que je l’adorais. Ni souffrir pour elle, en recevant ses coups. Il s’agissait plutôt d’exécuter volontairement une suite de postures avilissantes. Cette seule pensée m’était insupportable. Mais, pire que tout, je ne pouvais imaginer m’y consacrer. Si j’échouais, j’en serais horriblement humilié, et puis on me traînerait sûrement de nouveau jusqu’aux cuisines.

« J’étais hors de moi, de rage et de peur, et sous l’empire de cette menace, en la personne de ce Sire Grégoire brutal que je haïssais tant, de cette menace qui me souriait. Il se saisit de ma bite et me tira en avant. Bien sûr, il la tenait par la base, pas par le bout, ce qui aurait pu me procurer un peu de plaisir. Et comme il me tirait ainsi par les hanches, au point que j’en perdis pied, il me dit : « Ce sera un grand spectacle. La Reine, le Grand-Duc et d’autres encore y assisteront. Et la Princesse Lynette aura très à cœur de faire impression sur la Cour. Veillez à ce qu’elle ne vous fasse point ombrage. »

Alors la Belle secoua la tête et embrassa le Prince Alexis. Elle voyait à présent ce qu’il avait voulu dire quand il avait expliqué qu’il venait juste de commencer à céder.

— Mais Alexis, fit-elle doucement, presque comme si elle avait pu le sauver de son destin, quand le garçon d’écurie vous a amené en présence de la Reine, quand elle vous a fait rapporter les petites balles d’or dans le petit salon, n’était-ce pas quelque chose du même ordre ? (Elle s’interrompit.) Oh, comment pourrai-je jamais faire de telles choses.

— Mais vous le pouvez, toutes, sans exception, c’est le sens de mon récit. Chaque nouveauté paraît terrible parce qu’elle est nouvelle, parce qu’elle est une variation. Mais au fond, c’est la même chose. Le battoir, la lanière, être exposé, faire plier la volonté. Seulement, ils y introduisent d’infinies variations.

« Mais vous faites bien d’évoquer cette première séance avec la Reine. C’était la même chose. Mais rappelez-vous que j’avais les chairs à vif et qu’après les cuisines j’étais sous le choc, incapable de réfléchir. Après quoi, j’avais repris des forces, et il fallait que ces forces soient de nouveau brisées. D’ailleurs peut-être que si l’on avait conçu l’idée du petit cirque quand j’étais à peine sorti des cuisines, je l’aurais prise à cœur de toute manière. Mais je ne crois pas. Cela supposait d’être exposé plus encore aux regards d’autrui, bien plus de vigueur, un abandon de soi à des postures et des attitudes en un sens grotesques et inhumaines.

« Rien d’étonnant à ce qu’ils n’aient aucun besoin de cruauté véritable, ni de feu, ni de fouets, pour enseigner leurs leçons ou se divertir, soupira-t-il.

— Mais qu’arriva-t-il ? La chose eut-elle lieu ?

— Oui, bien sûr, et point n’était besoin que Sire Grégoire m’en parle auparavant, si ce n’est afin de me dérober à mon sommeil. Je passai une nuit douloureuse et sans repos. Je me réveillai maintes fois, pensant aux autres, tout près, les garçons d’écurie, ou les gens des cuisines, et je me dis qu’ils me savaient seul et sans défense, et qu’ils avaient l’intention de venir me martyriser. Mais personne ne s’approcha de moi.

« Durant la nuit, j’entendis des chuchotis de conversations pendant que les Seigneurs et les Dames se promenaient sous les étoiles. De temps à autre, j’entendais même un esclave que l’on menait par là, qui de loin en loin poussait des cris sous l’inévitable claquement du cuir. Une torche flamboyait sous les arbres, rien de plus.

« Lorsque arriva le matin, on me baigna, on m’oignit d’huile, et durant tout ce temps, on s’abstint de me toucher le pénis, sauf quand il mollissait. Alors on le réveillait avec malignité.

« Au crépuscule, la Salle des esclaves était pleine de conversations sur le cirque. Mon valet, Léon, me rapporta que l’on avait préparé la piste du spectacle dans une vaste salle à côté des appartements de la Reine. Il y aurait là, tout autour de la piste, quatre rangs de Seigneurs et de Dames, qui, eux aussi, amèneraient leurs esclaves, afin que ceux-ci ne manquent rien du divertissement. Les esclaves avaient beau être dressés pour le spectacle, ils étaient en état de terreur. Il ne me dit rien de plus, mais je savais ce qu’il avait en tête. Il s’agissait d’une épreuve éreintante de maîtrise de soi. Il me coiffa, oignit encore mes fesses et mes cuisses d’un peu d’huile, oignit même ma toison pubienne et la brossa pour qu’elle paraisse briller.

« J’étais serein. Je réfléchissais.

« Et lorsqu’on m’amena enfin dans la salle, dans la pénombre près du mur d’où je pouvais apercevoir le cercle illuminé de la piste, je compris ce que j’avais à faire. Il y avait là des tabourets de tailles et de circonférences diverses. Il y avait aussi des trapèzes suspendus et de grands cerceaux montés perpendiculairement au sol. Des chandelles brûlaient un peu partout sur de hauts guéridons disposés parmi les sièges des Seigneurs et des Dames déjà assemblés.

« Et la Reine, ma Reine cruelle, se tenait assise en grande pompe, avec le Grand-Duc à ses côtés.

« La Princesse Lynette attendait au milieu du cercle. Ainsi donc on l’autorisait à se tenir debout, me dis-je, et j’allais être introduit à quatre pattes. Eh bien, j’allais devoir me faire à cette idée.

« Et comme je m’agenouillais là où j’étais, dans l’expectative, je jugeai toute résistance impossible. Si je tentais de cacher mes larmes, si je venais à me raidir, mon humiliation n’en serait que plus effroyable.

« Il me fallait me résoudre à faire ce que je devais faire. La Princesse Lynette avait l’air exquise. Ses cheveux de lin tombaient librement dans son dos, et on les avait coupés un peu pour exposer entièrement ses fesses. Celles-ci ne révélaient qu’un léger rosissement, souvenir du battoir, et une autre rougeur sur ses cuisses et ses mollets qui, loin de la défigurer, soulignait sa silhouette et l’embellissait C’était rageant. Elle portait autour du cou un collier de cuir doré et ouvragé, un pur ornement. Elle portait aussi des bottes, parées de lourdes dorures, avec de hauts talons.

« Et moi, comme de juste, j’étais complètement nu. Je n’avais pas même un collier, ce qui signifiait que je devais me maîtriser pour obéir à ses ordres, car on ne pourrait me tirer dans telle ou telle direction.

« Ainsi donc j’étais en mesure de discerner exactement ce qu’il me fallait accomplir. Elle allait faire montre de beaucoup d’invention. Elle se tenait prête à laisser libre cours à sa fureur contre moi, avec des « Pressons » et des « En vitesse », des réprimandes et des réprobations à la moindre désobéissance. Ce faisant, elle se gagnerait les applaudissements de l’assistance. Et plus je me débattrais, plus elle brillerait, exactement comme Sire Grégoire me l’avait annoncé.

« Ma seule voie de triomphe serait dans ma parfaite obéissance. Je devais exécuter tous ses commandements à la perfection. Et je ne devais pas me défendre, ni extérieurement, ni en mon for intérieur. Je devais pleurer s’il le fallait, mais je devais faire tout ce qu’elle commanderait, même si le seul fait d’y penser faisait palpiter mon cœur jusque dans mes poignets, jusque dans mes tempes.

« Enfin, tout le monde fut prêt. Une poignée d’exquises petites Princesses avaient servi le vin, balançant leurs délicieuses petites hanches et me dévoilant de charmantes visions lorsqu’elles se penchaient pour remplir les coupes. Elles aussi, elles allaient assister à ma punition.

« Pour la première fois, toute la Cour allait y assister.

« Puis, d’un claquement de mains, la Reine ordonna que l’on introduise l’animal familier, le Prince Alexis, et que la Princesse Lynette me « dompte » et m’« entraîne » sous leurs yeux.

« Sire Grégoire m’administra, comme d’ordinaire, des claques sèches de son battoir.

« Aussitôt, je fus dans le cercle de lumière, qui me fit mal aux yeux l’espace d’un instant, puis je vis se rapprocher les bottes à hauts talons de ma dresseuse. Dans un élan d’impétuosité, je me ruai vers elle et lui baisai sur-le-champ ses souliers. La Cour lâcha un fort murmure d’approbation.

« Je continuai de l’abreuver de baisers, et je me dis : Méchante Lynette, ma forte et cruelle Lynette, vous êtes ma Reine à présent Ma passion courait dans mes membres comme un fluide, et pas seulement dans ma bite gonflée. Je cambrai le dos et j’écartai légèrement les jambes, sans même y avoir été invité.

« Tout de suite, les fessées commencèrent. Mais en malin petit démon qu’elle était, elle s’écria : « Prince Alexis, vous allez montrer à votre Reine que vous êtes un petit animal à l’esprit vif, et vous allez répondre docilement à tous mes commandements. Et vous allez aussi répondre à toutes mes questions, avec une parfaite courtoisie. »

« Ainsi donc j’allais devoir parler. Je sentis le sang me monter au visage. Mais elle ne me laissa pas le temps de la terreur, et je répliquai en hochant vivement la tête, « Oui, ma Princesse », dans un murmure d’approbation de l’assistance.

« Comme je vous l’ai dit, elle était forte. Elle était capable de me fesser bien plus fort que la Reine, et aussi fort que les garçons de cuisine ou d’écurie. Je sus, si jamais je sus quelque chose, qu’elle avait l’intention de me laisser pantelant de douleur, car elle me donna immédiatement plusieurs coups lourds, et elle possédait le tour de main de certains de nos bourreaux, qui me soulevaient les fesses à coups de battoir.

« « Sur ce tabouret, là, ordonna-t-elle sur-le-champ, accroupi, les genoux grands ouverts et les mains derrière la nuque, tout de suite ! » Et aussitôt elle me guida pour que j’obéisse, tandis que je grimpais d’un bond sur le tabouret, en réussissant, au prix d’un gros effort de promptitude, à assurer mon équilibre. C’était cette même misérable position accroupie que mon Seigneur garçon d’écurie m’avait imposée pour me châtier. Et à présent, pour qui ne les aurait pas vus auparavant, toute la Cour pouvait voir mes organes génitaux déployés.

« « Retournez-vous doucement, poursuivit-elle, afin de me montrer vos yeux, que les Seigneurs et les Dames puissent voir leur petit animal qui se donne en spectacle pour eux ce soir ! », et encore une fois elle me donna maints délicieux coups de battoir. Dans la petite assemblée, les applaudissements fusèrent, et le bruit du vin que l’on versait, et à peine avais-je exécuté un tour complet, la gifle du battoir résonnant à mes oreilles, qu’elle m’ordonna d’accomplir à quatre pattes un tour rapide de la petite estrade, le menton et la poitrine rasant le sol, comme elle me l’avait fait faire auparavant.

« À ce moment-là, il me fallut me rappeler mes résolutions. Je me précipitai pour obéir, le dos cambré, les genoux écartés, d’un pas rapide. Les talons de ses bottes claquaient à côté de moi, et mes fesses se contorsionnaient sous ses coups. Je n’essayai pas de relâcher les muscles de mes fesses, je les laissai se tendre, et je laissai aussi mes hanches se soulever et s’abaisser comme on les invitait à le faire, répugnant à recevoir les coups, tout en les accueillant. Et comme je frôlais le sol de marbre blanc, la salle formant devant moi une masse de visages indistincts, je ressentis cet état comme naturel, je sentais que c’était moi, qu’il n’y avait rien ni avant ni après moi. Je captais les réactions de la Cour ; ils riaient de ma posture misérable, et l’excitation montait dans leurs conversations. Ce petit spectacle les occupait fort, blasés comme ils l’étaient. On admirait mon abandon. Je grognais sous chaque coup sec du battoir sans même songer à m’interrompre. Je laissais mes grognements sortir librement, et je creusais encore plus le dos.

« Et lorsque j’eus achevé ma mission et que je fus de nouveau conduit au centre du cercle, j’entendis les applaudissements tout autour de moi.

« Ma cruelle dresseuse ne marqua pas de pause. Sans transition, elle me fit grimper d’un bond sur un autre tabouret, et de ce tabouret sur un autre encore plus haut. Sur chacun d’eux, tour à tour, je m’accroupis, et lorsque ses fessées m’atteignaient, mes hanches glissaient vers elle, sans retenue aucune, et mes gémissements, mes gémissements naturels, me surprirent par leur puissance.

« « Oui, ma Princesse », m’écriai-je après chaque commandement, et ma voix avait une tonalité craintive, quoique profonde, et pleine de souffrance. « Oui, ma Princesse », répétai-je, et finalement elle m’ordonna de me lever devant elle, jambes bien écartées, et de m’accroupir lentement jusqu’à atteindre la posture et la taille qui lui conviendraient. Puis j’allais devoir sauter à travers le premier cerceau, les mains sur la nuque, pour faire en sorte de revenir accroupi devant elle. « Oui, ma Princesse », et j’obéis sur-le-champ, franchissant encore un cerceau, et puis un autre, avec la même docilité. J’étais agile, dénué de toute honte, malgré mon pénis et mes testicules qui remuaient disgracieusement au cours de mes exercices.

« Ses coups se faisaient de plus en plus violents. Mes gémissements étaient aussi sonores que subits, et ils provoquaient les rires.

« Mais lorsqu’elle me commanda de sauter en l’air et de saisir la barre du trapèze à deux mains, je sentis les larmes sourdre, tout simplement à force de tension et d’épuisement. J’étais suspendu au trapèze et elle me donnait du battoir, m’imprimant un mouvement de va-et-vient, en avant, en arrière, puis elle me commanda de me renverser et d’attraper avec mes pieds les chaînes qui pendaient au-dessus de moi.

« La chose était tout à fait impossible, et comme je me démenais pour obéir, la salle s’emplit de l’écho des rires. Félix fit un pas en avant et sur-le-champ me souleva les chevilles jusqu’à ce que je me retrouve en train de me balancer, comme elle l’avait voulu, pour endurer ses fessées dans cette position.

« Dès qu’elle se fatigua de cette figure, on m’ordonna de me laisser tomber à terre, elle se présenta avec une longue et fine lanière de cuir, dont elle noua l’extrémité autour de mon pénis, et elle me tira vers elle, sur les genoux. Jamais auparavant on ne m’avait ni tiré ni poussé de cette manière, par la base de la bite, et mes larmes coulèrent à flots. Tout mon corps était chaud et tremblant, et mes hanches tirées en avant, ce qui m’interdisait tout mouvement gracieux, même si j’avais eu la présence d’esprit de m’y essayer. Elle me tira jusqu’aux pieds de la Reine, puis, se retournant, elle me tira encore, à la course sur ses talons qui claquaient, et, pour suivre son pas je me démenais, je grognais, je criais entre mes lèvres closes.

« J’étais pitoyable. Le cercle semblait sans fin. La lanière de cuir enserrait mon pénis, et la chair de mes fesses était à présent si attendrie, si douloureuse à force de coups qu’elles me faisaient mal sans même qu’elle les frappe.

« Mais bientôt nous eûmes bouclé le cercle. Je savais qu’elle avait épuisé sa faculté d’invention. Elle avait compté sur ma désobéissance et ma répugnance, et, faute de l’une et de l’autre, son spectacle manquait de véritable cachet, excepté ma complète docilité.

« Mais elle tenait en réserve une épreuve subtile à laquelle je n’étais guère préparé.

« Elle me commanda de me lever, d’écarter les jambes et de poser les mains devant elle, à plat sur le sol. Ce que je fis, mes fesses face à la Reine et au Grand-Duc, une position qui, encore une fois, même au beau milieu de tout ce spectacle, me rappela ma nudité.

« Elle écarta le battoir, s’empara alors de son jouet préféré, la lanière de cuir, et me fouetta rudement les jambes, les cuisses et les mollets, laissant le cuir s’enrouler autour de moi, et puis elle me commanda de m’avancer de quelques centimètres, de manière à pouvoir placer mon menton sur un haut tabouret qui se trouvait là. Je devais placer les mains derrière le dos, et le cambrer. Je fis ce que l’on me disait et me tint, jambes écartées, les reins cassés en avant, la figure relevée, que tous puissent voir mon expression misérable.

« Comme vous pouvez imaginer, mes fesses étaient librement suspendues en l’air, et elle se mit à m’abreuver de compliments. « Très jolies hanches, Prince Alexis, très jolies fesses, fermes, rondes et musclées, et vraiment très jolies lorsque vous vous tortillez pour échapper à ma mèche de cuir et à mon battoir. » Elle illustra son compliment avec sa mèche de cuir, et mes légers sanglots étaient entrecoupés de gémissements.

« Ce fut alors qu’elle me donna un ordre qui me surprit « Mais la Cour veut vous voir montrer vos fesses. On veut vous voir les remuer, fit-elle. Pas seulement pour échapper à la punition que vous méritez et dont vous avez si amplement besoin, mais pour que l’on assiste à un véritable spectacle d’humilité. » Je ne comprenais pas ce qu’elle entendait par là. Elle me fessa durement comme si j’avais eu l’intention de me montrer insolent, moi qui répondais entre mes larmes : « Oui, ma Princesse. »

— Mais vous n’obéissez pas ! » cria-t-elle. Elle avait entrepris ce qu’elle désirait vraiment, et à peine eut-elle proféré ces mots, je me mis à sangloter malgré moi. Que pouvais-je lui dire ? « Je veux voir vos fesses remuer, Prince, insista-t-elle. Je veux les voir danser, et que vos pieds restent bien en place. » J’entendis le rire de la Reine. Et soudainement submergé par la honte et la peur, je sus que cette chose apparemment anodine qu’elle voulait obtenir de moi, c’était trop pour moi. Je remuai les hanches, je les remuai d’un côté, de l’autre, et elle me fessait, et ma poitrine fut secouée d’un nouveau sanglot que je ne pus réfréner.

« « Non, Prince, ce n’est pas si simple que cela, pour la Cour je veux une vraie danse, insista-t-elle encore, vos fesses châtiées et rougies doivent faire mieux que s’endormir sous mes coups ! » Elle me plaça les mains sur les hanches, et les fit remuer, non plus seulement d’un côté puis de l’autre, mais de haut en bas et dans un mouvement tournant, ce qui me fit plier les genoux. Elle leur fit décrire un cercle. Cela semble bien peu de chose, tel que je le raconte. Mais c’était pour moi une honte indicible, d’avoir à remuer les hanches et à leur faire décrire des cercles, de mettre toute ma force et tout mon esprit dans cette vulgaire exhibition de mes fesses. Et pourtant elle entendait que je m’exécute, elle me l’avait ordonné, je ne pouvais faire qu’obéir, mes larmes coulaient à flots, et mes sanglots me prenaient à la gorge, tandis que mes fesses tournoyaient comme elle me l’avait ordonné. « Pliez les genoux plus bas, je veux voir une danse », s’écria-t-elle, avec une lourde raclée de sa lanière. « Pliez les genoux et remuez-moi ces hanches, allez, plus loin, d’un côté, de l’autre, plus sur la gauche. » Sa voix s’éleva avec colère. « Vous me résistez, Prince Alexis, vous ne vous amusez pas ! » et elle fit pleuvoir sur moi ses raclées cinglantes alors même que je m’efforçais d’obéir. « Bougez ! » me criait-elle. Elle triomphait. J’avais vraiment perdu tout mon sang-froid. Elle le savait.

« « Ainsi vous osez vous réserver en présence de la Reine et de la Cour », me gourmanda-t-elle, et alors, à deux mains, elle me tira les hanches d’un côté, et de l’autre, élargissant le mouvement circulaire de mes fesses. Je ne pus le supporter plus longtemps. Il n’y avait qu’un moyen de la surpasser, et c’était de remuer, dans cette posture honteuse, avec encore plus de sauvagerie qu’elle m’y incitait en guidant mes mouvements. Alors, secoué de sanglots étouffés, je lui obéis. Dès que j’exécutai cette danse, les applaudissements fusèrent immédiatement. Mes fesses remuaient d’un côté, de l’autre, de haut en bas, les genoux ployés à fond, le dos cambré, le menton reposant douloureusement sur le tabouret, afin que tous puissent voir les larmes dégouliner sur ma figure, et constater l’évidente destruction de mon esprit.

« « Oui, Princesse », m’efforçai-je d’articuler d’une voix suppliante, et j’obéis de toutes mes forces, leur offrant un si bon spectacle que les applaudissements continuèrent.

« « C’est bien, Prince Alexis, très bien, reconnut-elle. Écartez plus les jambes, et remuez encore plus les hanches ! » J’obéis sur-le-champ. Je cassai mes hanches, submergé par la plus grande honte que j’eusse jamais connue depuis ma capture et mon arrivée au château. Même la première fois, dévêtu dans ce champ par les soldats, même jeté en travers de la selle de ce Capitaine, et même mon viol dans les cuisines, rien de tout cela n’égalait la dégradation que je subissais en cet instant, parce que j’exécutais tout sans grâce, et avec servilité.

« Finalement, elle en eut fini avec ma petite démonstration. Les Seigneurs et les Dames conversaient entre eux, commentaient, parlaient de choses et d’autres comme d’habitude en pareilles circonstances, mais leurs murmures étaient empreints d’une certaine impatience, ce qui signifiait que l’on avait excité leurs passions, et je n’eus pas à lever les yeux pour voir que tous leurs regards convergeaient vers le rond central, même s’ils s’attachaient à feindre l’ennui. La Princesse Lynette m’ordonna alors de me retourner lentement, en maintenant le menton bien au centre du tabouret, mais en déplaçant mes jambes en cercle, sans cesser de remuer les fesses, afin que toute la Cour puisse voir cette démonstration d’obéissance.

« Mes propres sanglots m’assourdissaient. Je m’efforçai d’obéir sans perdre l’équilibre. Si je relâchais à peine la rotation régulière de mes fesses, la Princesse ne manquerait pas cette occasion de me morigéner.

« Enfin, elle éleva la voix et annonça à la Cour que nous avions là un Prince obéissant, capable, dans le futur, de divertissements encore plus ingénieux. La Reine frappa dans ses mains. L’assemblée pouvait maintenant se lever et se disperser, ce qu’elle fit avec grande lenteur, et la Princesse Lynette, poursuivant le spectacle pour les derniers voyeurs, me commanda promptement d’attraper le trapèze au-dessus de ma tête, et tout en me fessant impitoyablement, elle m’ordonna de lever le menton et de marcher sur place, sur la pointe des pieds, pour elle.

« La douleur me lançait dans les mollets et les cuisses, mais le pire, comme toujours, c’était la brûlure de mes fesses boursouflées. Et pourtant je marchai le menton levé, tandis que la salle se vidait. La Reine était sortie la première. Enfin, tous les Seigneurs et toutes les Dames étaient partis.

« La Princesse Lynette remit son battoir et sa mèche de cuir à Sire Grégoire.

« Je me tenais au trapèze : ma poitrine haletait, j’avais des fourmillements dans les membres. J’eus le plaisir de voir la Princesse Lynette dépouillée de ses bottes et de son collier par un Page qui la bascula sur son épaule, et on l’emporta, mais je ne pus voir son visage, et ne sus rien de ce qu’elle ressentait. Elle avait les fesses en l’air, sur l’épaule du Page ; ses lèvres pubiennes étaient longues et fines, et sa toison pubienne avait des reflets roux.

« J’étais seul, trempé de sueur, épuisé. Sire Grégoire se tenait là. Il vint, me leva le menton et me dit, “Vous êtes indomptable, n’est-ce pas ?” J’étais stupéfait. “Misérable, fier, rebelle, Prince Alexis !” fit-il, furieux. Je ne lui dissimulai pas ma consternation. « Dites-moi en quoi j’ai déplu ? » le priai-je, ayant assez entendu le Prince Gérald poser cette question dans la chambre de la Reine.

« “Vous savez bien que vous avez pris plaisir à tout cela. Rien n’est assez disgracieux à vos yeux, trop indigne, trop difficile. Vous vous jouez de nous tous !” s’exclama-t-il. Là encore, j’étais abasourdi.

« “Eh bien, maintenant vous allez mesurer ma bite, pour moi”, fit-il, et il ordonna au dernier Page de nous laisser. Je me tenais toujours au trapèze, suivant les ordres. La salle était sombre, hormis le ciel nocturne et lumineux que l’on voyait par les fenêtres. Je l’entendis défaire ses vêtements, je sentis la poussée de son pénis. Et puis il me l’introduisit entre les fesses.

« “Damné petit Prince”, fit-il, tandis qu’il allait et venait en moi.

« Quand il eut fini, Félix me balança sur son épaule sans plus de cérémonie que l’autre Page qui s’était chargé de la Princesse Lynette. Ma queue battait contre lui, mais je tâchai de la domestiquer.

« Quand il me déposa dans la chambre de la Reine, elle était assise à sa coiffeuse, se limant les ongles. « Vous m’avez manqué », dit-elle. Je me précipitai vers elle (à quatre pattes) et lui baisai ses pantoufles. Elle prit un mouchoir de soie blanche et m’essuya la figure.

« “Vous me plaisez beaucoup”, avoua-t-elle. J’étais dérouté. Qu’avait vu Sire Grégoire en moi qu’elle n’avait pas vu ?

« Mais j’étais bien trop soulagé pour considérer la question. M’aurait-elle accueilli avec colère, m’aurait-elle ordonné d’autres punitions et d’autres divertissements, j’aurais pleuré de désespoir. En réalité, elle n’était que beauté et douceur. Elle m’ordonna de la dévêtir et de retourner au pied de son lit. J’obéis du mieux que je pus. Mais elle refusa la chemise de nuit de soie.

« Pour la première fois, elle se tenait devant moi, nue.

« On ne m’avait pas permis de lever les yeux. J’étais accroupi à ses pieds. Puis elle m’autorisa à regarder. Comme vous pouvez l’imaginer, elle était d’une beauté indicible. Son corps est ferme, puissant, en un sens, avec des épaules juste un peu trop fortes pour une femme, et de longues jambes, mais ses seins sont magnifiques, et son sexe est un nid chatoyant de toison brune. J’eus le souffle coupé.

« “Ma Reine”, chuchotai-je, et après lui avoir baisé les pieds, je lui baisai les chevilles. Elle ne protesta pas. Je lui baisai les genoux. Elle ne protesta pas. Je baisai ses cuisses, et puis, mû par une impulsion, j’enfouis mon visage dans ce nid de toison parfumée, je le trouvai chaud, si chaud, et elle me fit lever, me mettre debout. Elle me fit lever les bras et je l’embrassai, et pour la première fois je sentis ses formes pleines de femme, et aussi, en dépit de toute sa puissance et de toute sa force apparente, qu’elle était petite à côté de moi, et qu’elle s’abandonnait. J’allais lui embrasser les seins, elle me pria silencieusement de le faire, et je les suçai jusqu’à ce qu’elle gémisse. Ils étaient si sucrés à ma bouche, et si doux, et en même temps ronds, fermes sous mes doigts respectueux.

« Elle s’effondra sur le lit, et moi, à genoux, j’enfouis de nouveau mon visage entre ses jambes. Mais elle me dit qu’elle voulait ma queue tout de suite et que je ne devais pas « venir » avant qu’elle ne me le permette.

« Je gémis pour lui montrer combien cela me serait difficile, sous le coup de mon amour pour elle. Alors elle se renversa sur les coussins, ouvrit les jambes, et pour la première fois je vis ses lèvres roses, là.

« Elle m’amena contre elle. Lorsque je sentis le chaud fourreau de son vagin, je ne pus vraiment y croire. Il s’était passé tant de temps sans que j’éprouve une telle satisfaction avec une femme. Je ne l’avais plus éprouvée depuis que j’avais été fait prisonnier par ses soldats. Je luttais pour ne pas consumer tout de suite ma passion, et lorsqu’elle commença de remuer les hanches, je me dis qu’assurément, dans cette lutte, j’allais perdre. Elle était si mouillée, si chaude, si étroite que mon pénis souffrait d’avoir été puni. Tout mon corps me faisait mal et ce mal m’était délicieux. Ses mains caressaient mes fesses. Elles me pinçaient mes zébrures. Elle m’écartait les fesses, et tandis que ce fourreau de chaleur enserrait mon pénis, tandis que sa toison pubienne rugueuse me caressait et me mettait au supplice, elle m’introduisit le doigt dans l’anus.

« « Mon Prince, mon Prince, pour moi vous passez toutes les épreuves », murmura-t-elle. Ses mouvements se firent plus prompts, plus sauvages. Je vis son visage et ses seins baignés d’écarlate. “Maintenant”, commanda-t-elle, et je déchargeai ma passion en elle.

« Je me balançai en me déchargeant, mes hanches tressaillaient aussi sauvagement que lors de la petite démonstration de cirque. Et quand je me fus vidé, serein, je me couchai sur elle, lui couvrant le visage et les seins de baisers languides et assoupis.

« Elle s’assit dans le lit, et laissa courir ses mains sur moi. Elle me dit que j’étais sa plus belle possession. “Mais il y a tant de cruauté de reste pour vous”, ajouta-t-elle. Je me sentis durcir à nouveau. Elle me dit que je serais soumis à une discipline quotidienne, bien pire que toutes celles qu’elle avait inventées auparavant.

« “Je vous aime, ma Reine”, chuchotai-je. Et je n’avais rien d’autre en tête que de la servir. Pourtant, bien sûr, j’avais peur. Toutefois, je me sentais fort de tout ce que j’avais enduré et accompli.

« “Demain, annonça-t-elle, je passe mes armées en revue. Je dois remonter devant elles en calèche, pour qu’ils puissent voir leur Reine comme je les vois. Après quoi je poursuis dans les villages aux environs du château.

« “Toute la Cour me suit à cheval, selon le rang de chacun. Et tous les esclaves, nus, en collier de cuir, marchent à pied avec nous. Vous marcherez à côté de ma voiture pour que tous les yeux vous voient. J’aurai pour vous le plus beau collier, et vous aurez l’anus ouvert par un phallus de cuir. Vous porterez un mors dans la bouche et j’en tiendrai la bride. Vous garderez la tête haute devant les soldats, devant les officiers et les gens du commun. Et pour le plaisir du peuple, je vous ferai exposer dans les villages, sur la grande place, assez longtemps pour que tous vous admirent, avant que nous ne poursuivions la procession.

« — Oui, ma Reine”, répondisse silencieusement. Je savais que ce serait là un supplice terrible, et pourtant j’y pensais avec curiosité, me demandant quand et comment cette même sensation de dénuement et d’abandon viendrait me visiter. Surviendrait-elle devant les villageois, ou devant les soldats, ou lorsque je trotterais la tête haute, l’anus torturé par ce phallus. Chacun des détails qu’elle m’avait décrits m’excitait.

Je dormis profondément et bien. Lorsque Léon me réveilla, il me prépara avec autant de soin que pour le petit cirque.

« Devant le château, on était en grand émoi. C’était la première fois que je voyais les grandes portes de la cour, le pont-levis, les douves et tous les soldats rassemblés. La calèche de la Reine était dans la cour, et elle était déjà assise, entourées par ses valets de pied et ses Pages qui chevauchaient à ses côtés, et ses laquais avec leurs belles capes, leurs plumes et leurs lances étincelantes. Une forte escouade de soldats à cheval se tenait prête.

« Avant de me conduire dehors, Léon m’affubla du mors, et donna à mes cheveux un dernier bon coup de brosse. Il assujettit le mors de cuir au fond de ma bouche, m’essuya les lèvres et me dit alors que le plus dur serait de garder le menton levé. Je ne devais jamais le relâcher en position normale. La bride, que la Reine tiendrait lâche sur ses genoux, évidemment, me maintiendrait la tête haute, mais je ne devais jamais l’abaisser. Si cela m’arrivait, elle le sentirait, et entrerait en fureur.

« Puis il me montra le phallus de cuir. Il n’avait pas de lanières, aucune ceinture ne le maintenait attaché. Il était aussi gros qu’une bite d’homme en érection, et je pris peur. Comment réussirais-je à le maintenir au-dedans de moi ? Une queue de cheval y était accrochée, faite de minces lanières de cuir noir, purement décoratives. Il m’enjoignit d’écarter les jambes. Il me l’introduisit de force dans l’anus et me dit de le maintenir en place, car la Reine souhaitait que rien ne me couvre. Les minces lanières de cuir pendaient, me caressaient les cuisses, se balanceraient comme une queue de cheval quand je trotterais, mais elles étaient courtes et ne dissimuleraient rien.

« Puis il oignit à nouveau ma toison pubienne, ma bite et mes testicules. Il oignit mon ventre d’un peu d’huile. Je tenais mes mains nouées dans le dos et il me donna à agripper un petit os recouvert de cuir, ce qui m’aiderait à les maintenir croisées. Telles étaient mes instructions : maintenir le menton levé, maintenir le phallus en place, et maintenir mon propre pénis dur et présentable pour la Reine.

« Puis on me conduisit dehors, dans la cour, en me tenant par la petite bride. Le grand soleil de midi étincelait sur les lances des Chevaliers et des soldats. Les sabots des chevaux claquaient le pavé.

« La Reine, en grande conversation avec le Grand-Duc à ses côtés, me remarqua à peine. Elle me lança un seul bref sourire. On lui tendit la bride, en la faisant passer par-dessus la portière de la voiture, ce qui me força à tenir la tête levée.

« Maintenez tout le temps les yeux baissés, respectueusement », me dit Léon.

« Et bientôt l’équipage franchit les portes et le pont-levis.

« Eh bien, vous pouvez imaginer à quoi ressembla cette journée. Pour vous amener jusqu’ici, on vous a fait traverser, nue, les villages de votre propre Royaume. Vous savez ce que c’est que d’être dévisagée par tous, soldats, chevaliers, gens du commun.

« C’était pour moi une piètre consolation que d’autres esclaves nus nous suivent. J’étais le seul à la hauteur de la voiture de la Reine, et je ne pensais qu’à lui plaire, qu’à paraître devant les autres comme elle souhaitait que je paraisse. Je tenais la tête levée, je contractais les fesses pour maintenir ce douloureux phallus. Et bientôt, comme nous passions devant des centaines et des centaines de soldats, je me dis encore : Je suis son serviteur, son esclave, et c’est ma vie. Je n’en ai pas d’autre.

« Peut-être la partie la plus affreuse de la journée fut-elle pour moi celle qui se déroula dans les villages. Vous avez traversé ces villages. Moi non. Les seuls gens du commun que j’avais vus, c’étaient ceux des cuisines.

« Mais cette journée de parade militaire était aussi celle de l’ouverture des foires de villages. La Reine visitait chacune d’elles, et après cela la foire ouvrait.

« Il y avait une estrade dressée au centre de la place de chaque village, et quand la Reine entrait dans la maison du Seigneur du village pour y boire une coupe de vin avec lui, j’étais livré en spectacle, comme elle m’en avait averti.

« Or il ne fallait pas que je me tienne avec grâce, comme j’aurais pu l’espérer. Et si moi je ne le savais pas, les villageois, eux, le savaient. Quand nous eûmes atteint le premier village, la Reine s’éloigna, et dès que mes pieds eurent touché l’estrade, une grande clameur monta de la foule, qui se doutait qu’elle allait voir quelque chose d’amusant.

« Je me tenais tête baissée, heureux de cette occasion de remuer un peu les muscles raidis de ma gorge et de mes épaules. Et j’étais très étonné que Félix m’eût retiré le phallus de l’anus. Bien sûr, la foule acclama. Puis on me fit m’agenouiller sur une table tournante, mains derrière la nuque.

« Félix manœuvrait cette table avec le pied. Et, tout en me demandant d’écarter grandes les jambes, il faisait tourner la table. J’eus peut-être plus peur dans ces tout premiers moments que jamais auparavant, mais jamais la tentation de me lever et de m’enfuir ne me vint à l’esprit. J’étais pour ainsi dire sans défense. Nu, esclave de la Reine, j’étais au milieu de centaines de gens du peuple qui m’auraient maîtrisé dans l’instant et avec joie, vu le divertissement que je leur avais servi. Ce fut alors que je compris que toute fuite était impossible. Tout Prince, toute Princesse fuyant nu du château aurait été appréhendé par ces villageois. Aucun d’eux ne nous aurait offert d’asile.

« Et voici que Félix me commandait de montrer à la foule toutes mes parties intimes, qui étaient au service de la Reine, moi qui étais son esclave, et son animal. Je ne comprenais pas ces mots, qui furent prononcés cérémonieusement. Aussi me dit-il assez poliment que je devais écarter les deux moitiés de mes fesses en me penchant en avant, pour dévoiler mon anus ouvert. Naturellement, ce geste était symbolique. Il signifiait qu’en toute circonstance je pouvais être violé. Et qu’on ne pouvait rien violer de plus que ce qui pouvait l’être.

« Mais le visage en feu, mains tremblantes, j’obéis. Une grande clameur s’éleva de la foule. Des larmes me coulaient sur la figure. Avec une longue canne, Félix me soulevait les testicules pour les faire voir, et il poussait mon pénis de ce côté, puis de cet autre, pour bien montrer qu’il était sans défense, et tout ce temps il fallait que je maintienne mes fesses écartées et que je dévoile mon anus. Chaque fois que je relâchais mes mains, il me commandait sèchement d’en écarter les chairs plus largement et me menaçait d’une punition. “Voilà qui va susciter la fureur de Sa Majesté, disait-il, et qui amusera énormément la foule.” Puis, avec un grand cri d’approbation, le phallus fut de nouveau introduit en sûreté dans mon anus. On me fit appuyer les lèvres tout contre le bois de la table tournante. Et je fus ramené à ma place, à côté de la voiture royale, Félix tirant ma bride par-dessus l’épaule tandis que je trottais derrière lui, la tête levée.

« Une fois arrivé au dernier village, je n’étais guère plus accoutumé à tout ce manège que dans le premier. Mais cette fois, Félix avait assuré à la Reine que je faisais preuve de toute l’humilité concevable. Aucun Prince du passé ne m’égalait en beauté. Dans le village, la moitié de la jeunesse des deux sexes était amoureuse de moi. Quand je reçus ces compliments, la Reine me baisa les paupières.

« Cette nuit-là, au château, on donna un grand banquet. Vous avez vu un banquet semblable, puisqu’il y en eut un lors de votre présentation. Je n’en avais pas vu auparavant Et ce fut la première fois que j’eus l’expérience de servir le vin pour la Reine et à tous ces personnages à qui elle m’adressait cérémonieusement comme un présent, de temps à autre. Lorsque mes yeux croisèrent ceux de la Princesse Lynette, je lui souris avec insouciance.

« J’avais l’impression que j’aurais pu faire tout ce que l’on me commandait de faire. Je n’avais peur de rien. Et c’est pour cela que je puis dire que j’avais cédé. Mais le signe le plus franc de mon abandon, c’était que Léon et Sire Grégoire – dès qu’ils en avaient l’occasion – me traitaient d’obstiné et de rebelle. Ils me déclaraient que je traitais tout par le mépris. Je leur répondis que ce n’était pas vrai lorsque l’occasion m’était offerte de répondre, ce dont je disposais rarement.

« Bien d’autres choses me sont arrivées depuis lors, mais les leçons que j’avais apprises durant ces premiers mois étaient les plus importantes.

« La Princesse Lynette est toujours là, bien sûr. Le temps viendra où vous aurez à connaître qui elle est, et bien que je sois capable de supporter n’importe quoi de ma Reine, de Sire Grégoire, et de Léon, j’ai toujours du mal à supporter la Princesse Lynette. Mais, sur ma vie, je suis sûr que personne n’en sait rien.

« Maintenant, c’est presque le matin. Je dois vous ramener dans le boudoir, et vous baigner, afin que personne ne sache que nous sommes restés ensemble. Mais je vous ai raconté mon histoire pour que vous puissiez comprendre ce que signifie céder, et que chacun d’entre nous doit découvrir son chemin vers l’acceptation.

« Toutefois, à propos de mon histoire, il y a quelque chose de plus, qui ne se révélera que le moment venu. Mais je vais dès à présent vous l’exprimer de la manière la plus simple. Si vous deviez endurer une punition qui vous paraisse trop forte à supporter, dites-vous en vous-même : Ah, mais Alexis l’a endurée, donc cela se peut.

La Belle ne souhaitait nullement le réduire au silence, mais elle ne put réprimer ses baisers. Elle avait autant envie de lui qu’auparavant, mais maintenant il était trop tard.

Et comme il la ramenait dans le boudoir, elle se demanda s’il devinait ou non le véritable effet de ses propos sur elle. Pouvait-il savoir qu’il l’avait enflammée et fascinée, et fait croître en elle sa compréhension du sentiment de résignation et d’abandon qu’elle avait déjà éprouvé ?

Pendant qu’il la baignait, lavant toute trace de leur amour, elle se tint tranquille, plongée dans ses pensées.

Qu’avait-elle ressenti plus tôt cette nuit, lorsque la Reine lui avait annoncé qu’elle souhaitait la renvoyer chez elle en raison de la dévotion excessive que lui vouait le Prince ? Avait-elle envie de partir ?

Une pensée horrible l’obsédait. Elle se voyait endormie dans cette chambre poussiéreuse qui avait été sa prison durant cent années, des chuchotements tout autour d’elle. La vieille sorcière au fuseau qui avait piqué le doigt de la Belle riait entre ses gencives édentées ; et, alors qu’elle levait la main sur les seins de la Belle, il émanait d’elle une sorte de sensualité sourde.

La Belle frissonna. Elle tressaillit et se débattit tandis qu’Alexis resserrait ses entraves.

— N’ayez pas peur. Nous avons passé cette nuit ensemble sans être découverts, lui assura-t-il.

Elle le dévisagea comme si elle ne le connaissait pas, car elle n’avait peur de personne dans ce château, ni de lui, ni du Prince, ni de la Reine. C’était son propre esprit qui l’effrayait.

Le ciel pâlissait. Alexis l’embrassa. À présent, elle était ligotée au mur, ses longs cheveux emprisonnés entre son dos et la pierre derrière elle. Elle ne pouvait quitter cette chambre poussiéreuse de son pays natal, et il lui semblait traverser des nappes et des nappes de sommeil, et ce boudoir autour d’elle, dans ce pays cruel, avait perdu toute substance.

Un Prince était entré dans sa chambre à coucher. Un Prince avait posé les lèvres sur elle. Mais n’était-ce pas Alexis lui-même qui l’embrassait, n’était-ce pas lui ? Alexis qui l’embrassait, ici ?

Lorsqu’elle ouvrit les yeux sur ce lit ancien, le regard levé sur celui qui rompait l’enchantement, elle ne découvrit qu’une expression pâle et innocente ! Ce n’était pas son Prince Consort. Ce n’était pas Alexis. C’était une sorte d’âme virginale semblable à la sienne, qui se tenait à présent derrière elle, l’air étonné. Brave, il était brave, oui, et tout de simplicité !

Elle cria.

— Non !

Mais la main d’Alexis était posée sur sa bouche.

— Belle, qu’y a-t-il ?

— Ne m’embrassez pas ! chuchota-t-elle.

Mais quand elle vit la douleur sur son visage, elle ouvrit la bouche et sentit ses lèvres se sceller aux siennes. Sa langue la remplit. Elle pressa ses hanches contre les siennes.

— Ah, c’est vous, seulement vous…, chuchota-t-elle.

— Et qu’avez-vous cru ? Rêviez-vous ?

— Il m’a semblé un instant que tout ceci n’était qu’un rêve, avoua-t-elle. Mais la pierre était réelle, ses attouchements n’étaient que trop réels.

— Et pourquoi serait-ce un rêve ? Est-ce un tel cauchemar ?

Elle prit sa tête entre ses mains.

— Vous aimez ça, tout ça, vous aimez ça, lui chuchota-t-elle à l’oreille. (Elle vit ses yeux s’attarder sur elle avec langueur, puis se détourner.) Et cela m’a semblé un rêve parce que tout le passé, le passé réel, a perdu son lustre.

Mais que disait-elle ? Qu’en si peu de jours elle n’avait pas une fois regretté son pays natal, pas une fois elle n’avait regretté ce qu’avait été sa jeunesse et ce sommeil de cent années qui ne lui avait donné nulle sagesse.

— J’aime ça. J’ai ça en horreur, fit Alexis. Ça m’humilie, et ça me recrée. Et céder veut dire ressentir aussitôt toutes ces choses et demeurer cependant un être d’esprit et de raison.

— Oui, soupira-t-elle, comme si elle l’avait accusé à tort Pernicieuse douleur. Pernicieux plaisir.

Il lui accorda un sourire d’approbation.

— Nous serons bientôt réunis de nouveau…

— Oui…

— … soyez-en sûre. Et d’ici là, ma chérie, mon amour, appartenez à tous.

 

L'initiation
titlepage.xhtml
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Rice,Anne-[Infortunes de la Belle au Bois dormant-1]L'initiation(1983).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html